Née en 1944, ancienne étudiante à l'Académie des Beaux-Arts (Kunstakademie) de Düsseldorf, elle a suivi l'enseignement de Bernd BECHER en compagnie d'Andreas GURSKY, Thomas RUFF et Axel HÜTTE. Cependant, bien que fréquemment exposé en Allemagne et aux Etats-Unis son travail n'avait pour l'instant fait l'objet d'aucune exposition d'envergure en France.

Candida HÖFER a ponctuellement travaillé pour la presse et réalisé plusieurs reportages notamment sur la communauté turque en Allemagne ; à partir du milieu des années 80, elle radicalise son point de vue.
Evitant toute forme de systématisation, d'inventaire, ou de typologie, elle photographie les intérieurs de lieux publics : bibliothèques, musées, salle d'attente, zoos. Ce ne sont pas des espaces génériques, elle les choisit pour leur spécificité : intrigante correspondance des masses et des couleurs dans la salle de l'électricité du Palais de la Découverte, modernité architecturale de la maison des pingouins du zoo de Londres , fascinant agencement des ouvrages dans la salle de lecture de la Bibliothèque Nationale de France, rue Colbert.
La simplicité des moyens mis en œuvre par l'artiste (utilisation de la lumière ambiante et d'un appareil 24x36) lui permet une grande mobilité. Se tenant ainsi à l'écoute de la respiration des espaces, Candida HÖFER porte une attention particulière à la qualité de la lumière et aux riches variations des couleurs.
Ses images peuvent être perçues à de nombreux niveaux de lecture. Au-delà du simple aspect informatif, elles laissent parfois apparaître un réseau complexe de références à d'autres champs de la création contemporaine. Ainsi les mannequins du Deutsches Museum de München évoquent les sculptures de George SEGAL et l'agencement régulier des sièges du Deutsche Hochschule für Körperkultur de Leipzig fait écho à la répétition des modules de Donald JUDD.
Certaines images sont aussi traversées par une ironie subtile : confrontation surprenante entre des tigres et l'architecture néoclassique de leur enclos du zoo de Rotterdam ; rencontre incongrue entre un extincteur d'incendie et un lévrier empaillé au Museum d'Histoire Naturelle de Londres.

Ce rapprochement entre deux réalités de nature différente est aussi le principe sur lequel repose la vidéo intitulée 80 pictures. Dans cette œuvre de 1997, Candida HÖFER revisite ses travaux anciens (de 1971 à 1983) en prenant la forme d'une projection de diapositives. Les images apparaissent par paire et sont précédées par un mot très court (plante, rideaux, moustache…) qui s'inscrit quelques secondes sur l'écran noir. Ainsi préparé, le regard du spectateur est dirigé vers l'élément qu'il désigne. Cette lecture orientée des photographies propose au visiteur de découvrir des parties auxquelles il n'aurait peut-être jamais prêté attention et l'invite à se poser la question de ce qui a pu pour l'artiste être l'élément déclencheur de l'acte photographique. Parallèlement, cette œuvre lui pose la question de la nature de son propre regard sur les photographies de Candida HÖFER.
Text par Sylvain LIZON

23 photographies de la série des Jardins zoologiques (1990-1997) ;
38 photographies de la série des Intérieurs (1987-1997) ;
installation vidéo : 80 pictures, 1997
Exposition réalisée en partenariat avec le Goethe-Institut, Paris et la galerie Wilma Tolksdorf, Franfort-sur-le Main
Construit par le groupe Tekton en 1933